Les biais cognitifs 

 

« Les erreurs systématiques maintiennent chez les personnes leurs croyances de base en dépit de la présence d’éléments concrets contradictoires » A.T. Beck

En thérapie, nous partons du postulat que ce sont certaines pensées, certaines interprétations, qui vont nous faire percevoir une situation de telle ou telle façon et donc entraîner des émotions agréables ou désagréables. Cette idée que c’est notre jugement d’une situation qui peut nous perturber remonte à très longtemps : Épictète, philosophe stoïcien en 50-125 ap. J.C. disait déjà « Les hommes sont perturbés non par les choses mais par l’idée qu’ils s’en font. »

Or, nous avons tous, dans une certaine mesure et selon notre vécu et notre personnalité, des façons de percevoir le monde. Ces distorsions cognitives, ou biais cognitifs, agissent comme des filtres qui ne vont sélectionner que les éléments qui iront dans ce sens. En voici les principaux : 

  • Pensée dichotomique, en tout ou rien : il s’agit de voir les choses en noir et blanc ; la situation est perçue seulement deux catégories. “Si je ne suis pas à 100% quelque chose, je ne le suis pas”.
  • Catastrophisation : il s’agit de prévoir le futur de façon négative, de prévoir le pire : “Je vais rester seul toute ma vie !”
  • Disqualification du positif : il s’agit de ne pas tenir compte du positif d’une situation et de prendre en compte uniquement le négatif : “On m’a fait un compliment, mais je sais que c’est faux”
  • Raisonnement émotionnel : il s’agit de considérer ses sentiments comme des preuves : “Je suis angoissée, c’est donc que quelque chose ne va pas”
  • Étiquetage : il s’agit d’étiqueter, de porter un jugement définitif sur soi ou sur les autres, sans considérer que les preuves pourraient plus raisonnablement amener à une conclusion moins désastreuse : “Je suis complètement nul. C’est une personne mauvaise.”
  • Amplification/minimisation : Quand vous vous évaluez ou vous évaluez une autre personne ou une situation, vous amplifiez le négatif et/ou minimisez le positif de façon déraisonnable : “Avoir une mauvaise note fait de moi quelqu’un d’incompétent. Avoir de bonnes notes ne veut pas dire que je suis intelligente.”
  • Abstraction sélective : Vous prêtez une attention excessive à un détail négatif plutôt que de voir l’ensemble de l’image : “Untel ne m’a pas répondu, la soirée était nulle [alors que je m’amusais auparavant]”
  • Lecture de pensée : Vous croyez que vous savez ce que les autres sont en train de penser, en oubliant d’envisager d’autres possibilités plus plausibles : “Il pense que je ne comprend rien.”
  • Personnalisation : Vous croyez que les autres se comportent mal à cause de vous, sans considérer des explications plus plausibles de leur comportement : “Untel a été de mauvaise humeur parce que j’ai mal fait quelque chose.”
  • Les déclarations “devoir” et “must” (aussi appelées impératifs) : Vous avez une idée précise et arrêtée de comment vous et les autres devriez vous comporter, et vous surestimez combien il est mauvais que ces attentes ne soient pas satisfaites : “Je dois … Il faut …

Il est impossible de vivre sans ces biais cognitifs, puisque nous en avons tous et ils peuvent être fonctionnels. 

Toutefois, lorsqu’ils sont trop rigides, ils deviennent dysfonctionnels et source de souffrance. Les interroger seul est difficile, car ils font partie de nous et de notre manière de voir le monde. Avec l’aide de votre thérapeute, vous apprendrez à les identifier et à venir les questionner, afin de les assouplir et d’acquérir un peu plus de flexibilité et de distance, soit en introduisant du doute, en recontextualisant, ou bien en cherchant les preuves de cette pensée. 

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