Qu’est-ce qu’une rumination ?

Une rumination est une pensée répétitive au sujet de soi-même, d’événements négatifs passés,
et de problèmes non résolus.
C’est un processus naturel, qui concerne tout le monde. Toutefois, lorsque les ruminations sont
trop présentes ou dysfonctionnelles (comme nous le verrons plus loin) elles peuvent entraîner
une baisse du moral, une humeur dépressive, de l’anxiété et une souffrance psychologique.

“Arrête de ruminer, ça ne sert à rien !”

Comme tout comportement, les ruminations ont des fonctions, qu’il faut distinguer du contenu
des ruminations. Les études ont mis en évidence 2 grandes fonctions des ruminations :

1) La rumination comme tentative d’évitement

La rumination peut agir comme une tentative d’éviter d’agir ou de faire face, par exemple :
éviter de planifier une action, éviter le risque d’un échec ou d’une humiliation, éviter des
challenges au niveau professionnel, éviter des pensées désagréables, éviter de se confronter à
nos émotions …
Mais en évitant ces situations, on ne peut pas être en contact avec de nouvelles informations
pouvant infirmer nos craintes, ni en contact direct avec un problème. On n’a donc pas de
possibilité de le résoudre et à terme on réduit le nombre d’activités agréables !

2) La rumination peut être une habitude apprise

La rumination nous a peut-être une fois permis de faire face à une situation. Depuis, on continue
de ruminer car on a appris que ça pouvait nous aider et on a pris l’habitude de le faire.
Certaines croyances autour de la rumination se mettent alors en place : « Penser intensément
est la meilleure manière de résoudre des problèmes », « Ressasser des problèmes aide à les
comprendre », « Penser intensément aide à se connaître », « Réfléchir aux raisons de nos
sentiments aide à les surpasser » … Et l’on arrive plus à s’en défaire.

Un seul type de rumination ?

Comme nous le disions précédemment, tout le monde rumine ! C’est la fréquence et le contenu de
nos ruminations qui vont déterminer si ces dernières sont adaptées ou non.

Les ruminations sont un processus normal si …
– c’est une tentative de donner du sens à des événements négatifs ou de résoudre un
problème ;
– il y a un équilibre entre pensée et action.

Les ruminations deviennent dysfonctionnelles quand …
– c’est un cycle sans fin, sans résolution de problème ;
– il y a un déséquilibre dans lequel on passe plus de temps à penser qu’à agir.

Pour illustrer notre propos, prenons un exemple courant :
Imaginons que je sois un peu pressée ce matin en allant au travail car j’ai un rendez-vous
important à la première heure. Mais lorsque je monte dans ma voiture, elle ne démarre pas …

Si mes ruminations sont non fonctionnelles, abstraites, elles seront centrées sur le “pourquoi” :
“Pourquoi ça m’arrive à moi ?” “Pourquoi est-ce que cela arrive justement aujourd’hui?” “Que
va-t-il arriver si je suis en retard?” “Quelles vont être les conséquences ?” “Pourquoi moi ?”

Si mes ruminations sont fonctionnelles, concrètes, elles vont être centrées sur le “comment” :
“Comment est-ce arrivé?” “qu’est ce qui est différent aujourd’hui ?” “comment résoudre le
problème de ma voiture ?” “comment résoudre le problème de mon travail ?”

Percevez-vous la différence ? Dans la 2ème situation, je suis tournée vers la résolution de
problème. C’est la façon dont nous allons appréhender nos ruminations qui vont changer l’impact
qu’elles auront sur nous.

“Je n’arriverais jamais à ne pas ruminer et ça me pourrit la vie !”

Les ruminations peuvent en effet avoir des conséquences délétères sur la santé mentale et
entraîner des troubles dépressifs et anxieux. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’il existe des
solutions ! En psychothérapie, nous pouvons travailler sur les ruminations à l’aide de plusieurs
méthodes et outils.
Par exemple, nous pouvons utiliser l’auto-observation afin de les identifier, de comprendre leurs
fonctions et dans quels contextes elles apparaissent. Puis, nous explorons des méthodes
alternatives à la rumination, afin de diminuer leur impact et de les modifier afin qu’elles soient
plus fonctionnelles.
Lorsque les ruminations nous envahissent, il peut être difficile de faire ce travail seul.e.
N’hésitez pas à prendre rendez-vous avec un.e des psychologues du Centre Pensées afin que nous
puissions vous accompagner dans ce cheminement.

Bibliographie
Martell, C. R., Addis, M. E., & Jacobson, N. S. (2001). Depression in Context: Strategies for
Guided Action. New York: W. W. Norton & Company, .
Martell, C. R., Dimidjian, S., & Herman-Dunn, R. (2010). Behavioral Activation for Depression: A
Clinician’s Guide. Guilford Publishers.
Nolen-Hoeksema, S., Wisco, B. E., & Lyubomirsky, S. (2008). Rethinking rumination. Perspectives
on Psychological Science, 3, 400-424.

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